Ma trouvaille de 2003 : un point de vue important pour les promoteurs de la santé en Afrique.

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La ressource identifiée en 2003 qui m’a le plus donné à réfléchir sur la situation de l’Afrique en matière de promotion de la santé est un éditorial paru dans Health Promotion International (Nyamwaya, 2003) en juin de cette année. Il s’agit d’une mise au point qui donne une vue globale de la situation actuelle de la région africaine en matière de promotion de la santé. L’auteur y dépeint la situation comme elle est vécue dans les pays d’Afrique depuis les vingt dernières années. Il reconnaît les efforts fournis par les différentes autorités face aux multiples problèmes de santé que rencontre la région, tout en mettant un accent sur la promotion de la santé qu’il présente comme un atout pour l’amélioration de la situation sanitaire en Afrique. Nyamwaya reconnaît qu’il existe plusieurs défis à relever sur le continent africain, notamment : le fait que les interventions soient essentiellement curatives et menées par les seuls professionnels de la santé qui ne collaborent que peu avec d’autres secteurs ; le manque d’indicateurs d’appréciation du succès de la promotion de la santé ; la spécialisation trop peu nombreuse dans cette filière de la santé publique.

Le principal mérite de cet article est qu’il est un des rares du genre et qu’il provient d’un des pionniers en promotion de la santé dans la région, qui est responsable de ce domaine au niveau du bureau régional de l’OMS. Il fait le point avec un esprit critique mais peut-être un peu trop optimiste car, à mon avis, la situation est plus dramatique que celle décrite par l’auteur. En effet, la situation de la promotion de la santé en Afrique telle que présentée par l’OMS-AFRO me paraît plus préoccupante. Dans une enquête sur les pratiques dans la région, l’OMS-AFRO a pu constater que seulement quatre pays - la Guinée, le Niger, l’Ile Maurice et l’Afrique du Sud - ont actuellement une politique nationale de santé basée sur les principes de la promotion de la santé (WHO-AFRO, 2002). En effet, il est important de rappeler que les pays africains dans leur ensemble, au lendemain des indépendances, se sont d’abord investis dans des programmes d’information et communication en santé, dans un contexte où le taux d’analphabétisme était très élevé (OMS, 2001) ; c’était d’une certaine manière courir à l’échec et qui explique sans doute en partie le peu d’enthousiasme pour des politiques nationales de promotion de la santé.

Dans ce domaine comme dans d’autres, l’impression qu’on a, à regarder de près les efforts africains, est que les systèmes de santé réagissent aux problèmes de santé qui se posent à eux sans trop de recul, en intégrant de manière pas toujours appropriée les tendances internationales comme celle de la promotion de la santé. Pourtant il faut reconnaître que des efforts sont fournis, ne serait-ce que par les études qui sont menées dans plusieurs des universités des pays de la région mais, le plus souvent, sans pour autant servir à la mise à jour des stratégies d’intervention en matière de santé. Malheureusement, cette recherche n’a que très peu de lien avec les interventions des professionnels, qui évoluent le plus souvent dans une routine curative de « blouse blanche » difficile à ébranler. A titre d’exemple, il n’est désormais un secret pour personne que, entre l’état de santé d’une communauté et le niveau d’instruction des femmes, il y a une très forte corrélation ; pourtant, les systèmes sanitaires dans la région africaine ne collaborent que très peu avec les secteurs concernés, pour réduire un taux d’analphabétisme féminin qui pèse lourd sur l’Afrique.

A travers son article, Nyamwaya met donc en exergue les différentes facettes de la situation de la promotion de la santé en Afrique et permet de se faire une idée de l’ampleur du travail, qui requiert des actions immédiates. Des aspects précis y sont abordés, tels que mentionnés dans le premier paragraphe de ce texte, qui éclairent sur le bout par lequel aborder l'introduction du concept de promotion de la santé dans la région africaine.

Cette prise en charge de la situation de la promotion de la santé en Afrique suppose, à mon avis, une action concertée des différents acteurs afin d’unir les forces pour une lutte aussi vitale, dans un contexte où les besoins sont énormes alors que les ressources sont assez limitées. La participation de tous pour une maximisation des ressources à investir dans ce cadre, est une alternative bénéfique pour chacun et pour tous (OMS, 1991, OMS, 2002). La situation est telle que l’initiative peut venir des professionnels si, entre temps, les autorités politiques hésitaient à la prendre. C’est à ce niveau que le rôle des professionnels et des organisations non gouvernementales me paraît crucial.

REFERENCES

OMS. (1991). L’engagement communautaire en faveur du développement sanitaire : un défi pour les services de santé. OMS, Genève.

OMS. (2001). Promotion de la santé : Stratégie de la région africaine. OMS, Brazzaville.

OMS. (2002). Lignes directrices pour l’organisation des activités de promotion de la santé dans les pays de la région africaine. OMS, Brazzaville. WWW (PDF)

WHO-AFRO. (2002). Health Promotion: Country profiles.WWW(accès en octobre 2004).