Review/2001/1
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Utilité de la charte de Bangkok comme contre attaque aux forces du marché.1

Urinda Alamo-Hernández, candidate au doctorat en santé communautaire, Université Laval, Québec.

Alamo-Hernández, Urinda, Utilité de la charte de Bangkok comme contre attaque aux forces du marché, Reviews of Health Promotion and Education Online, 2007. URL:13/index.htm.

Si l’on considère la Charte d’Ottawa comme l’identité même de la promotion de la santé (Aubin, 2005), et ses cinq stratégies comme le cadre qui a orienté le développement des activités et programmes en promotion de la santé dans les dernières décennies (Nutbeam, 2005), un peu partout dans le monde, on peut difficilement nier son impact (au moins idéologique et symbolique) dans le champ de la promotion de la santé. Avant la charte d’Ottawa, la déclaration de Alma-Ata avait déjà eu un effet similaire et, dans d’autres domaines, on trouve également, des exemples des documents clés comme l’Agenda 21 pour le développement soutenable.

La Charte d’Ottawa a été ratifiée dans les documents qui accompagnent les subséquentes conférences internationales sur la Promotion de la Santé, quoique dans chacune d’elles des nouveaux enjeux et priorités aient été soulevés. Par exemple, la place du secteur privé est chaque fois plus présente, et la liste de conditions préalables s’est agrandie. On parle même de démocratie et de stabilité politique comme des pré-requis dans la 5ème conférence (OMS, 2000). Je ne sais pas si la Charte de Bangkok, par le fait d’être appelée « charte », a soulevé la polémique autour des raisons d’une nouvelle charte, ainsi qu’autour des omissions et de mise en œuvre de ces types des documents (INPES, 2005 ; RHPEO, 2005), ou si ces échanges sont le fruit de l’ère des communications dans laquelle on se trouve. Ce qui selon moi est important, et plusieurs auteurs du RHPEO (2005) l’ont soulevé également, c’est le dialogue critique sur la promotion de la santé auquel la Charte de Bangkok contribue.

Charte de Bangkok comme contre attaque aux forces du marché. 

D’un autre côté, je ne pense pas que la Charte de Bangkok remplace ni questionne la Charte d’Ottawa. Je la conçois plutôt comme une fille de la Charte d’Ottawa, qui appartient à une nouvelle génération, avec de nouveaux défis à affronter, mais qui partage et respecte les mêmes valeurs et principes que sa mère.  On vit dans un monde dynamique où de nouvelles forces et structures influencent la manière d’aborder les cinq stratégies de la Charte d’Ottawa. Dans le contexte actuel de mondialisation où presque tout est orienté par des intérêts majoritairement financiers, où les barrières du commerce sont de plus en plus supprimées, et où la souveraineté des États est en déclin (Spiegel et coll., 2004), je considère qu’un document comme celui de la Charte de Bangkok (avec toutes ses omissions et ses limites) peut contribuer à freiner les inégalités en santé liées à la mondialisation.

La Charte fait appel aux organismes gouvernementaux et internationaux à s’efforcer pour combler l’écart entre riches et pauvres en matière de santé, ainsi qu’à trouver des mécanismes efficaces de gouvernance mondiale pour contrer les effets préjudiciables du commerce, des produits, des services et des stratégies de commercialisation (WHO, 2005). Il est vrai que ce sont des suggestions nobles difficiles à mettre en oeuvre par des pays dont les gouvernements ont de moins en moins de liberté d’action (O’Neill, 2005), mais selon mon point de vue, ce type de discours peut constituer une plate-forme qui complète les efforts de la société civile. Des efforts comme la charte populaire pour la santé (Peoples Health Assembly 2, 2000). L’impact historique de la Charte d’Ottawa peut aider à rendre plus visible la nouvelle Charte de Bangkok, et de cette façon, aider à compenser la libération du marché et les intérêts uniquement financiers de grandes corporatives internationales, facilitées par des organismes comme l’Organisation mondiale du commerce.

Note

Ce texte est diffusé dans le cadre d’un projet conjoint RÉFIPS-UIPES (voir 6/index.htm). Il a été originellement publié par le RÉFIPS au http://refips.org/files/ameriques/Lettre_en_ligne_janvier2007.pdf.

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Références 

Aubin, K. (2005). Chartes, déclarations, recommandations: Quelle est la portée de ces documents en promotion de la santé ?  RHPEO. URL : www.rhpeo.org

INPES. (2005). Forum de discussion. URL : http://www.inpes.sante.fr/Forum_eps/indezForum.asp?page=login.asp

Nutbeam, D. What would the Ottawa Charter look like if it were written today? RHPEO. URL : www.rhpeo.org 

O’Neill, M. (2005). La charte de Bangkok aura-t-elle autant d’impact que celle d’Ottawa ? RHPEO. URL : www.rhpeo.org

Peoples Health Assembly 2. (2005). Declaration de Cuenca.  URL : http://www.phmovement.org/pha2/es/papers/cuenca_fr.php

RHPEO. (2005). D’Ottawa 1986 à Vancouver 2007. URL : www.rhpeo.org 

Spiegel, J.M., Labonte, R. et Aleck S.O. (2004). Understanding « Globalization » as a Determinant of Health Determinants. International Journal of Occupational and Environmental Health. 10: 360-367

WHO. (2000). Fifth Global Conference on Health Promotion. “Health Promotion: Bridging the Equity Gap”. Mexico City, June 5th, 2000. In (URL) : http://www.who.int/healthpromotion/conferences/previous/mexico/en/index.html

WHO. (2005). The 6th Global conference on Health Promotion.  La charte de Bangkok pour la promotion de la santé à l’heure de la mondialisation. URL : http://www.who.int/healthpromotion/conferences/6gchp/BCHP_fr.pdf


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