Review/2001/1
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La Charte de Bangkok à l’heure de la globalisation : une charte de trop?1

Saliha Ziam, candidate au doctorat en sciences de l’administration, Université Laval, Québec.


Ziam, Saliha, La Charte de Bangkok à l’heure de la globalisation : une charte de trop?, Reviews of Health Promotion and Education Online, 2007. URL:14/index.htm.

Il est unanimement admis que la Charte d’Ottawa (O.M.S., 1986) a propulsé la promotion de la santé au-devant de la scène internationale (Kickbusch et coll., 1990 ; Hancock, 1994).

Cette charte a recommandé explicitement aux instances politiques mondiales de mettre la santé et le bien-être des populations au cœur de leurs préoccupations (O'Neill et Cardinal, 1998 ; Pederson et coll., 2005). Par la même occasion, cette charte soulevait pour la première fois les enjeux relatifs aux politiques publiques et leur impact sur la santé des populations que ce soit à l’échelle locale, nationale ou international (Kickbusch, Draper et coll., 1990) Ces enjeux deviennent critiques dans le contexte actuel de la mondialisation et les répercussions inéluctables que celle-ci a et aura sur la santé des populations. Face à la standardisation des styles de vie, la circulation incessante des biens et des personnes, et les risques accrus de propagation des maladies, les gouvernements n’ont d’autre choix que d’unir leurs efforts pour sauvegarder l’état de santé de leurs populations. Les récentes crises sanitaires (SRAS, grippe aviaire) sont venues nous rappeler qu’il ne suffit plus désormais de balayer devant sa  porte. Un virus qui éclot à Shanghai peut contaminer quelques jours plus tard plusieurs centaines voire des milliers de personnes à Toronto. La Charte de Bangkok (Organisation mondiale de la santé, 205) exprime parfaitement ces nouvelles préoccupations et réclame notamment plus de cohérence des politiques publiques à l’échelle internationale.

Pourtant certains se questionnent sur l’utilité d’une nouvelle charte alors que, disent-ils, bon nombre des recommandations énoncées dans la Charte d’Ottawa, ne sont toujours pas appliquées dans beaucoup de pays. La proclamation de la Charte de Bangkok serait-elle de trop ? Que lui reprochent au juste ses antagonistes ? Voilà des questions qui ont attiré mon attention et  sur lesquelles je voudrais vous faire partager ma réflexion.

Bien évidemment, la Charte d’Ottawa a connu une grande notoriété en raison des circonstances historiques et politiques de sa proclamation, comme le rappelle (O’Neill, 2005). Il est vrai que les déclarations qui ont suivi (Organisation mondiale de la santé, 1988, 1991, 1997, 2000) n’ont pas bénéficié du même contexte, et c’est aussi vrai pour la Charte de Bangkok. Néanmoins, les circonstances dans lesquelles se déroulent les chartes et le cérémonial politique qui les entourent ne sont pas garants d’une mise en œuvre plus significative des recommandations. Les critiques que soulève la mise en pratique effective des recommandations exprimées au sujet des chartes ne sont pas nouvelles et ne concernent pas uniquement les chartes d’Ottawa et de Bangkok. En fait, les chartes internationales n’ont aucun pouvoir de coercition pour imposer leurs recommandations sur le terrain. Faudrait-il abolir les chartes pour autant? Certes non, car leur rôle est malgré tout très important à plusieurs égards.

Les chartes offrent d’excellentes opportunités de concertation puisque leur mise en chantier exige des rencontres de centaines d’experts et d’expertes de toutes les disciplines venant de tous les coins de la planète. D’ailleurs, les chartes d’Ottawa et de Bangkok ont donné l’occasion aux professionnels et aux professionnelles de la promotion de la santé d’interpeller les instances publiques internationales sur les enjeux qui entourent la santé et ses déterminants tout en optimisant ainsi une conscientisation toujours plus grande des acteurs sur le terrain. Elles ont permis, par la même occasion, une grande visibilité de la promotion de la santé. Mittelmark (2005) souligne à ce sujet la nécessité de travailler sur cette visibilité si l’on souhaite que la promotion de la santé gagne du terrain auprès des gouvernements et des politiques publiques. Quant à la Charte de Bangkok, sa pertinence est tout à fait justifiée. S’inspirant des principes innovateurs de la Charte d’Ottawa, la Charte de Bangkok vient à point pour en renforcer les recommandations tout en intégrant les préoccupations actuelles soulevées par la globalisation et son impact sur la santé.

Note

Ce texte est diffusé dans le cadre d’un projet conjoint RÉFIPS-UIPES (voir 6/index.htm). Il a été originellement publié par le RÉFIPS au http://refips.org/files/ameriques/Lettre_en_ligne_janvier2007.pdf.

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Références 

Hancock, T. (1994). Health Promotion in Canada : Did We Win the Battle but Lose the War?; dans A. Pederson and al, (eds) Health promotion in Canada; Toronto, W.B.Saunders: 350-372.

Kickbusch, I., R. Draper et M. O'Neill (1990). Healthy Public Policy, strategy to implement the health for all philosophy at various governmental levels; dans A. Evers and al., (eds) Healthy Public Policy at the local level; Campus Westview, Boulder, Co: 1-6.

Mittlemark, Maurice B., (2005). Bangkok Charter: criticizing but backing WHO, Reviews of Health Promotion and Education Online, 2005. URL: reviews/2005/22/index.htm

O'Neill, M. et L. Cardinal (1998). "Les ambiguités québécoises dans le domaine de la promotion de la santé." Recherches sociographiques: 9-37.

O.M.S. (1986). Charte d'Ottawa pour la promotion de la santé. Ottawa, Canada, O.M.S. URL: http://www.euro.who.int/AboutWHO/Policy/20010827_2?language=French

O.M.S. (1988). Adelaide Recommandations on Healthy Public Policy Second International Conference on Health Promotion, Adelaide, South  Australia, O.M.S., URL: http://www.who.int/healthpromotion/conferences/previous/adelaide/en/index.html

O.M.S. (1991). Sundsvall Statement on Supportive Environments for Health Third International Conference on Health Promotion, Sundsvall, Sweden, O.M.S., URL: http://www.who.int/healthpromotion/conferences/previous/sundsvall/en/index.html.

O.M.S. (1997). Déclaration de Jakarta sur la Promotion de la Santé au XXIème Siècle. Jakarta, O.M.S. URL: http://www.who.int/healthpromotion/conferences/previous/jakarta/declaration/en/

O.M.S. (2000). Mexico Ministerial for the Promotion of Health. Fifth Global Conference on Health Promotion: Bridging the Equity Gap, Mexico City. URL: http://www.who.int/healthpromotion/conferences/previous/mexico/en/index.html

O’Neill, M. (2005). "La Charte de Bangkok aura-t-elle autant d’impact que celle d’Ottawa?" Reviews of Health Promotion and Education, URL: reviews/2005/2/index.htm.

OMS (2005). The Bangkok Charter for Health Promotion in a Globalized World. The 6th Global Conference on Health Promotion, Bangkok, OMS, URL: http://www.who.int/healthpromotion/conferences/6gchp/bangkok_charter/en/index.html.

Pederson, A., I. Rootman et M. O'Neill (2005). Health Promotion in Canada: Back of the past on towards a promising future; dans A. Scriven and S. Garman, (eds) Promoting Health: Global Perspective; London, Plagrave Macmillan: 255-265. URL: http://www.palgrave.com/products/Catalogue.aspx?is=1403921377


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