Review/2001/1
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La charte d’Ottawa 20 ans après : des activités de formation pour intégrer ce trésor inconnu en Afrique francophone

David Houéto, Délégué du REFIPS pour l’Afrique subsaharienne


Houéto, David, La charte d’Ottawa 20 ans après : des activités de formation pour intégrer ce trésor inconnu en Afrique francophone, Reviews of Health Promotion and Education Online, 2007. URL:17/index.htm.


Introduction

Dans le présent développement, nous voudrions rapporter la formation organisée au Bénin en novembre 2006 faisant suite à deux grands évènements ayant coïncidé avec le 20e anniversaire de la charte d’Ottawa : les activités de dynamisation du réseau francophone international de promotion de la santé (REFIPS) et les 10es journées annuelles de santé publique (JASP) du Québec.

Le REFIPS, dans sa stratégie de dynamisation de la présence des pays francophones dans le champ de la promotion de la santé, a entrepris un certain nombre d’activités qui touchent plus particulièrement aux chartes d’Ottawa et de Bangkok (Van Steenberghe & O’Neill, 2007). Ces activités, qui s’inscrivent dans la grande politique de développement des sections du réseau, coïncident pour l’année 2006 avec le 20e anniversaire de la charte d’Ottawa. Le REFIPS a, dans ce cadre, organisé en avril 2006 à Yaoundé (Cameroun), une formation de formateurs portant sur le concept de promotion de la santé. Cette formation a regroupé 34 personnes en provenance de onze pays africains francophones[1] et a été l’occasion pour les participants de revisiter les chartes d’Ottawa et de Bangkok afin de démultiplier, à l’intérieur de leurs pays respectifs, les connaissances acquises (Valentini & Houéto, 2006). Afin de renforcer les acquis de Yaoundé par la participation aux échanges ayant trait à la charte d’Ottawa, un noyau de participants a été convié par le REFIPS aux 10es JASP du Québec à Montréal en octobre 2006, qui avaient un programme spécial sur cette charte.

Les participants du Bénin font partie de ceux qui ont immédiatement développé une stratégie de réplication de cette formation de Yaoundé et leur programme de formation a été discuté à Montréal, en marge des 10es JASP, avec la contribution du REFIPS.

Déroulement de la formation

La formation du Bénin a eu lieu en novembre 2006 à Ouidah, au sud du Bénin, dans les locaux de l’Institut Régional de Santé Publique (IRSP). Organisée par les membres du REFIPS ayant participé à la formation de Yaoundé et aux 10es JASP, elle a bénéficié du soutien matériel et financier du Ministère de la Santé du Bénin, à travers le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), en collaboration avec le bureau pays de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS-Bénin), l’organisation non-gouvernementale Plan Bénin et le REFIPS. Le but visé était de valoriser les stratégies et pratiques de promotion de la santé en vue de favoriser son institutionnalisation en tant qu’approche de résolution des problèmes de santé dans le système sanitaire au Bénin. L’approche adoptée a été celle basée sur le partage des connaissances à travers des présentations suivies de débat ainsi que sur des travaux de groupes réfléchissant sur des préoccupations particulières en promotion de la santé, dont la pertinence et l’utilité des chartes d’Ottawa et de Bangkok pour le Bénin. La formation a duré trois jours et a regroupé une trentaine de participants venant de partout au pays et oeuvrant à divers niveaux du système sanitaire national ainsi que dans d’autres secteurs ministériels et de la société civile (directions techniques et centrales du ministère de la santé,  PNLS[2], PNLP, directions départementales de la santé, équipe d’encadrement des zones sanitaires,  agriculture, commerce, justice, plan et prospective, éducation, famille, administration territoriale, sécurité routière, assemblée nationale, association des Maires du Bénin, « Terre des Hommes », Africare, PSI[3], etc.).

La Charte d’Ottawa, cette inconnue…

Au regard de la charte d’Ottawa, les préoccupations de la plupart des participants étaient de mieux la connaître. Ce n’était pas seulement le cas des seuls non-professionnels de la santé, car en réalité dans le pays la charte d’Ottawa n’est pas vraiment connue, comme d’ailleurs celle de Bangkok. Les raisons de cette lacune sont multiples et relèvent principalement, selon les participants, d’un manque de volonté politique des autorités sanitaires béninoises, d’autant plus qu’une stratégie régionale africaine de promotion de la santé basée sur la charte d’Ottawa a été signée depuis 2001 par elles (OMS, 2002). Le débat a tourné autour de l’explication des deux chartes d’Ottawa et de Bangkok dans le cadre de l’historique de la promotion de la santé et également de leur pertinence pour le contexte béninois. Les participants ont reconnu l’importance et la pertinence de la charte d’Ottawa en lien avec la prise en charge de la santé des populations. Pour eux, la charte de Bangkok ne vient y apporter que des éléments de précision sans pour autant la remplacer. Ils ont toutefois souhaité le renforcement de la détermination de la communauté internationale à mettre clairement l’accent sur les conditions spécifiques que connaissent les pays en développement, tel le Bénin, comme par exemple certaines pratiques du commerce international qui ne favorisent pas leur développement. On pouvait lire, à travers les débats, un sentiment de satisfaction au regard du concept de participation que véhiculent les deux chartes et qui favorise l’implication de tous les secteurs de la vie publique au développement de la santé et du bien-être des populations. C’est la première fois, ont rappelé certains, que pour une question de santé on regroupe autour d’une même table autant de secteurs, comme cela a été le cas pour cette formation.

Résolutions des participants

Les participants ont souhaité, à la fin de cette formation, sa réédition mais avec beaucoup plus de professionnels et de secteurs impliqués. Elle devrait inclure également les autorités de différents secteurs ministériels et des partenaires du développement, pour que le concept de promotion de la santé soit pris en compte dans la gestion des programmes et projets relatifs à la santé des populations. Les participants ont également suggéré la mise en place d’un organe national de santé publique qui reflète la multidisciplinarité ainsi constituée lors de cette formation, afin de s’occuper véritablement des préoccupations de santé des populations en appui aux programmes et projets du ministère de la santé. Les participants ont finalement mis en place un comité de plaidoyer et de diffusion du concept de promotion de la santé, et par conséquent des chartes d’Ottawa et de Bangkok, auprès des autorités et institutions directement concernées par son adoption et son institutionnalisation au Bénin. Ils ont convié le REFIPS à les accompagner dans cette initiative.

Perspectives

Les organisateurs sont sortis réconfortés de l’accueil réservé au concept de promotion de la santé par les participants en dépit de quelques réticences exprimées par certains participants. Ensemble, les participants et les organisateurs ont souhaité une présence du Bénin à la conférence de Vancouver, par l’intermédiaire des membres du comité mis en place, afin d’y apporter un soutien africain à la cause de la promotion de la santé à travers la charte d’Ottawa ; être présents à Vancouver permettrait aussi de souhaiter davantage d’ouverture et de précision en ce qui concerne les inégalités sociales observées dans les échanges internationaux, qui sont à la base de beaucoup de difficultés dans les pays en développement.

Conclusion

Cette formation a permis de se rendre compte du besoin des acteurs de différents secteurs publics et privés de travailler en étroite collaboration pour l’atteinte de leurs objectifs de développement des populations bénéficiaires. Les principes véhiculés par la charte d’Ottawa et complétés par la charte de Bangkok, sont de nature à faciliter cette collaboration ont estimé les participants. Il faut noter tout de même que certains ont émis de réserves quant à la faisabilité d’une telle stratégie d’intersectorialité, qui demande la collaboration de tous y compris les populations, à la réalisation des programmes et projets de santé. Ceci a amené les organisateurs à réfléchir à l’élaboration d’activités concrètes dans le contexte béninois, qui pourraient porter sur une de ses plus grandes préoccupations que constitue le paludisme, afin de contribuer à démontrer l’efficacité de la promotion de la santé.


[1] Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Congo RD, Côte d’Ivoire, Gabon, Mauritanie, Niger, Rwanda, Tchad.

[2] Programme national de lutte contre le Sida

[3] Population services international

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Références 

Organisation mondiale de la santé. (2002). Lignes directrices pour l’organisation des activités de promotion de la santé dans les pays de la région africaine. OMS-AFRO, Brazzaville.

Valentini, H. & Houéto, D. (2006). Valorisation, analyse des pratiques communautaires au niveau local. Rapport du séminaire de formation en Promotion de la Santé. Réseau francophone international de promotion de la santé (REFIPS), Section Subsaharienne. Yaoundé, du 10 au 14 avril 2006.

van Steenberghe, E. & O'Neill, M. (2007). Les initiatives du Réseau francophone international pour la promotion de la santé à propos de la Charte de Bangkok en regard du débat international francophone sur le sujet, Reviews of Health Promotion and Education Online. URL:6/index.htm. Accès le 28/2/07.


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