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La Charte en quelques images théâtrales ! Par Nancy Roberge et Pascal Parent, Équipe Mise au jeu Roberge, Nancy & Pascal Parent, La charte en quelques images théâtrales !, Reviews of Health Promotion and Education Online, 2007. URL:7/index.htm. Introduction Mise au jeu est une équipe de créateurs polyvalents utilisant le jeu et lexpression théâtrale comme moyens de communication, de formation et déchange depuis près de quinze ans au Québec et à loccasion, à létranger. Cest dans ce désir de favoriser la réflexion de manière conviviale, sensible et humoristique que Mise au jeu sest joint au symposium, en proposant ses outils de théâtre interactif. Dans un premier temps, une animation théâtrale de quelques minutes a lancé la journée en illustrant des éléments de la charte dOttawa, à travers une consultation médicale particulière. Au cours de la journée, les deux acteurs ont tendu loreille pour recueillir les opinions et les questionnements des participants et participantes, en se promenant dun atelier à lautre, au hasard des couloirs et des lieux de rassemblements. Nourri aussi par les constats rapportés par les organisateurs et les bénévoles, le duo de Mise au jeu a ensuite concocté sur place quatre capsules théâtrales, relatant le climat et les fruits des échanges durant lévénement. Ces sketchs, présentés en plénière de clôture, ont ponctué les différentes interventions des invités et ont permis aux participants de se reconnaître dans les préoccupations évoquées. Ces interventions théâtrales ont surtout confirmé aux participants quils avaient été écoutés et entendus. Mise au jeu pratique régulièrement ce genre de formule lors de journées de rencontre qui nécessite une grande complicité avec les organisateurs, comme ce fut le cas pour ce symposium. Le comité scientifique, les concepteurs de lévénement autant que les bénévoles ont su nous communiquer des objectifs clairs et des contenus nourrissants pour guider les participants dans cette réflexion sur lutilité de la charte dOttawa et son avenir. On retrouvera ci-dessous le texte des interventions du matin et de laprès-midi, histoire de rappeler aux personnes présentes quelques souvenirs et de fournir à celles qui ny étaient pas, dans un genre littéraire différent de celui des autres textes de la sous-série, une idée de ce qui sest déroulé lors du symposium. Intervention du matin Personnages du matin : Pascal, un gestionnaire pressé (G); Nancy, une docteure (Doc). Dans la foule dans le hall dentrée Un patient (un gestionnaire de centre de santé) est en retard pour son rendez-vous, il cherche son docteur un bon docteur, un bon intervenant santé qui va vraiment soccuper de lui, un bon bilan de santé, pas par un charlatan . La jeune doc elle recrute des patients en bonne santé elle nen veut pas de malades Pour les faire rentrer, cest lheure du rendez-vous, « entrez vite parce que sinon ça décale toute ma journée . » Saynète dintroduction de la plénière douverture dans la salle Pendant que les gens finissent de sasseoir, la saynète commence. Le patient et la doc vont sur scène. Elle commence à lausculter en vérifiant son identité et autres questions. Doc : Alors vous êtes monsieur G : Lemonde Doc : Âge? G : 45 ans Doc : Quest-ce que vous faites dans la vie G : Gestionnaire dun établissement de santé. Doc; Dites 33 333 G : 33 333 On disait pas juste 33 avant Doc; Mais oui mais vous savez tout augmente. Maintenant, prenez une bonne subvention dair .et dépensez Gestionnaire sexécute. Doc : Vous semblez en bonne santé. G : Bon merci, je suis content, je peux y aller? Doc : Jai quelques petites questions à vous poser dabord: on va faire cela assez promptement parce que jai tous ces patients-là à écouter aujourdhui (elle vise la foule)(elle prend un formulaire) Alors .Votre alimentation? G : Jessaie de manger varié, coloré, avec les différents groupes alimentaires Doc : Alcool , fritures G : Cest sûr que des fois, je fais des petits extras, mais je fais attention . On nous rabâche tellement les oreilles dans les reportages à la télé! Doc : Bien, bien. Et votre santé sexuelle . G : Ben euh Appelez ma conjointe .(il se trouve drôle , mais la doc reste concentrée). Cest pas pour me vanter, mais ça va très bien . Doc : Vous avez quoi comme revenu, monsieur? G : Je suis obligé de vous dire un chiffre là? Doc : Je veux seulement savoir si vos revenus couvrent vos besoins de base G : Disons que jai un niveau de vie confortable Doc : Vous êtes gestionnaire dun établissement de santé; vous travaillez combien dheures semaine? G : Est-ce qui faut que je vous dise un chiffre là ? Cest parce que passé 45 heures, je les compte pus! Doc : Et dire quil sen trouve pour prétendre que les québécois travaillent pas assez . Votre charge de travail, a-t-elle une incidence néfaste sur votre moral? G : Je suis fatigué des fois cest sûr mais, jessaie de transformer mon stress en motivation Est-ce que je peux y aller maintenant? Je dois me rendre à un atelier sur les processus dévaluation en san Doc : Encore quelques questions : vous habitez un logement convenable? G : Jai une maison en banlieue. Doc : Un terrain ? G : Oui, jai même assez grand pour me faire un petit jardin. Doc : Pesticides? G : On na pas le droit dans ma municipalité. Doc : Est-ce que votre ville a un plan pour lamélioration de la qualité de lair , et la réduction des gaz à effets de serre ? G : Je mexcuse mais euh il me semble quon séloigne de mon cas On dirait que vous travaillez pour la police ! Doc; Comprenez moi monsieur, si vous devenez un de mes patients y va falloir vous y faire jai pas envie davoir des patients malades, moi! G : Ouin, mais si je tombe malade, vous êtes là pour nous soigner, non? Doc : Je pense quon se comprend pas là : il nest pas question que vous tombiez malade, monsieur. Lempereur Huang Ti, 2600 ans av JC, le disait lui-même: «Soigner une personne qui est déjà malade [...] c'est comme attendre d'avoir soif pour creuser un puits ou attendre d'être en guerre pour fabriquer des armes. » G : Ah bon mais là est-ce que cest terminé vos questions ? Doc; Selon mon protocole, jen ai encore quelques unes G : Protocole . De quel protocole vous parlez? Doc : Un protocole créé à partir de la charte dOttawa. G : Je connais pas celui-là. Doc : Pas étonnant, cest un protocole personnel. Une entente que jai créée entre ma conscience professionnelle, mon subconscient, mon ego et moi-même. On a tous signé. G : OK Cest pas que je vous aime pas, vous tous, mais là faudrait vraiment que jy aille Doc : Bon, je vous raccompagne . Vous allez pas partir sans quelques outils de prévention : je vous offre des condoms, seringues, dépliants, purex, eau distillée, un livre de recette santé, etc .?? Ils quittent la scène . Interventions en plénière de clôture Segment 1 : Les points chauds de la journée Un docteur (Doc) dans son cabinet attend une dernière patiente (Pat). Doc : (il envoie un courriel de son appareil téléphonique) Déjà 16h05; serai en retard pour souper Bon, je vais recevoir ma dernière impatiente . (il parle à son secrétaire) Robert, vous pouvez me lenvoyer! La patiente entre : Pat : Bonjour Docteur! Jai dû faire de lapnée pour entrer dans votre clinique! Yavait au moins 20 fumeurs dans lentrée. Doc; Quest-ce que vous voulez, cest difficile de changer les vieilles habitudes Pat : Bon, jai plusieurs petits problèmes, mieux vaut prévenir Je ressens comme une tension entre ici et là, entre mon cur et ma tête, entre ce que je veux et ce que je peux. Doc; Je peux vous prescrire de la lecture idéologique. Pat : La dernière fois que vous mavez prescrit ça, jai eu des étourdissements et des nausées, je pense que ça ne ma va plus. Doc : Je propose alors des comprimés daction pratiques. Pat : Oui Jaimerais mieux. Doc : Du Glocal ou du Lobal? Pat : Cest la même chose non? Doc : Oui, cest le même résultat mais ça travaille pas pareil. Pat; Je sens aussi que mes os ne se joignent pas. Jai comme une luxation entre la jambe et la hanche. Jai consulté un spécialiste de la hanche, jai consulté un spécialiste de la jambe. Mais ça ne sest pas arrangé. Je boîte. Comme si je ne pouvais marcher dans la direction où je veux aller. Doc : Vous souffrez sans doute dirresponsabilité concertée. Pat; Ah oui? Doc : Avez-vous changé de charte récemment? Pat : Pourquoi? Doc : Cest un cas classique! Selon les statistiques, 1 patient sur 800, présente ces symptômes à force de se demander comment appliquer sa charte. Je vois que vous avez pris du poids. Pat : Oui, je suis assez contente, enfin mes paroles pèsent dans la balance. Avec mes années dexpériences, mon implication dans le milieu, enfin, quand je parle jai du poids. Par contre on dirait que je suis insatiable! Doc; Vous souffrez sans doute dune insuffisance politique. Pat : Quest-ce que je peux faire pour prévenir ça? Doc : On va voir ça à la prochaine rencontre, vous avez dépassé les 18 minutes prévues. Prenez rendez-vous avec Robert, mon secrétaire, dans mon agenda politique. Segment 2 : Lutilité de la charte dOttawa Scène en parallèle; -dun côté un gestionnaire de services de santé (G) qui vante les mérites de la charte; -de lautre une mère (M) de famille qui a trouvé dans la rue une pile de charte dOttawa, encore toute emballée, sans doute oubliée, qui lui a été bien utile, dune autre manière. Ils ont tous les deux les documents dans les mains. G : Ah! La charte dOttawa je me rappelle quand ça été créé, en 1986. À lépoque on espérait quavec ces bases, tout le monde serait en santé en lan 2000. M : Moi cest en lan 2000 que jai trouvé ça dans la rue. Un paquet de chartes dOttawa, qui avaient jamais été déballé de toutes évidences. Je lavais ramassé; je métais dit que ça me ferait peut-être une lecture intéressante G : Cest sûr que la charte dOttawa a été utile. Elle a inspiré notre actuelle loi sur la santé publique! Elle a servi de cadre de référence dans plusieurs pays Moi personnellement, je lai lu et relue maintes fois M : Finalement jai jamais eu le temps de la lire. Ni même de la déballer. Le soir même, la chaise haute du petit sest cassée, ça fait que jai mis ce bloc là, sur une chaise, pis jai assis mon petit dessus. Jai gardé ce système là pendant quelques semaines, parce que javais pas ben ben dargent pour macheter une autre chaise haute. G : Ça changé non seulement notre approche de la santé en générale, mais également nos mentalités; au delà de soigner les individus, il fallait soigner leur conditions, leur environnement. M : Il faisait froid cet hiver là, pis mes fenêtres été mal isolées. Mon propriétaire remettait toujours les réparations à plus tard, il sen foutait pas mal. Cette brique là sinsérait très bien dans la fenêtre des enfants. Ça coupait au moins le courant dair qui passait. Ben utile G : Grâce à la charte, on a développé des réflexes de prévention. Tout le monde fait de lexercice. M : Au printemps, jai repris la brique pour faire de lexercice. Monte-descend, monte-descend . Ça me rappelle que dans la vie, jai limpression de monter un escalier roulant qui descend. G : La charte a permis le renforcement de laction communautaire . M : Jai connu un groupe communautaire qui pouvait maider, jétais ben encouragée déjà en parlant à lintervenante au téléphone mais quand je suis arrivée dans leur locaux, je me suis rendue compte quils étaient aussi pauvres que moi G : Les gens prennent davantage soin de leur santé, moi-même jadore marcher .pis danser . M : Jen ai fait moi des marches, pis des manifestations, mais mes conditions de vie saméliorent pas vite, je trouve des fois ça régresse . Il me reste la danse Les deux dansent chacun de leur côté, puis se rencontrent, gênés. Segment 3 : Lutilité de la charte de Bangkok Deux personnages (O) et (B) qui sentraînent O : Tas lair essoufflé . B : Cest que jai pu lhabitude de mentraîner comme toi . O : Ah non . ? Tas lâché lentraînement? B : Non, cest que je fais un nouveau programme, depuis lannée passée. O : Ah! Moi ça fait 20 ans que je fais le même. Le programme dentraînement dOttawa. Toi, cest quoi? B : Programme dentraînement de Bangkok! Ottawa cest passé date! O : Il me semble que le programme de Bangkok cest la continuité de celui dOttawa. B : Ah oui? Moi je pensais que ça le remplaçait, en tous cas. Dans mon programme, on privilégie la prise dune vitamine spéciale. O : Ah cest bon ça? B : Certain. Cest produit par lentreprise privée. Cest très efficace. Pis plus ten prends, plus le privé investit dans le système de santé. Ça donne des bons emplois, bien rémunérés, ils investissent aussi dans la qualité de vie au niveau local, lenvironnement, cest pleins davantages. Je laisse beaucoup de place aux vitamines privées dans ma vie maintenant. O : Ouin mais .le jour où ils feront pus dargent avec toi, ils en investiront plus dargent non plus . Ça ses fragilités ton programme. B; Tu y crois pas? O : Jy crois mais il faut pas que ça prenne toute le place, faudrait pas que ça tempêche dêtre vigilent dans ton exercice. Il faut pas oublier ton objectif de bien-être. B : Cest sûr. Par contre, cest un programme qui privilégie les nouvelles technologies. Regarde ( il lui montre un petit objet électronique) O : Cest un podomètre ? B : Un cardio-vasculo-podo-émotionnel régulateur électronique. O : Ah ouin . spécial! B : Je ten commanderai un par internet si tu veux O : Merci. On continue notre entraînement, dehors? B : Ok. Dis donc, tas raison, faut faire des liens entre nos deux programmes . Bangkok et Ottawa ya Vancouver aussi qui sen vient .faut être en forme si on veut gagner des médailles. O : Je trouve pas ça facile moi de maintenir mon entraînement. Faudrait que tout le monde si mette pour que ce soit plus encourageant. Si au moins cétait mieux reconnu par les organisations mondiales, on serait sûrement plus en santé, localement pis individuellement .. Segment 4 : Les défis futurs Le pharmacien (Ph) et une cliente (C) qui arrive avec sa liste Le pharmacien en prenant la liste et en la lisant : Ph : Alors, quest-ce que le médecin vous a prescrit? C : Un paquet de produits! Ph : Pommade multidisciplinaire . C : Mes pratiques sont pas assez ergonomiques. Il paraît que je fais toujours les mêmes mouvements. Quand je suis découragée, je lève les bras au ciel, quand on gagne une bataille, je lève les bras au ciel, pis quand jai une question à poser au gouvernement, je lève les deux bras pour être sûre quon mentende. Ph : (lisant la liste) des ressources.... Ouf! Ruptures de stock pour les ressources financières. Je vais vous donner un générique, composé de personnel qualifié, avec des connaissances et des personnes ressources! C : Merci. Ça va même être mieux. (elle regarde son corps) Comme ça je vais rejoindre tous les membres de ma collectivité. Ph : (lisant la liste) Une forte dose darguments politiques. C : Cest pour augmenter mon taux de pouvoir législatif. Ph : Vous avez besoin aussi dune thérapie de groupe. C : Oui, pis là je me paie une thérapie de gros groupe; genre 1000 personnes au palais des congrès. Je sais pas ce que ça va donner. Ph : Cest une bonne thérapie, ça fait dix ans que ça roule C : Merci à une prochaine! |
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