Review/2001/1
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La Charte en quelques images … théâtrales !

Par Nancy Roberge et Pascal Parent, Équipe Mise au jeu


Roberge, Nancy & Pascal Parent, La charte en quelques images … théâtrales !, Reviews of Health Promotion and Education Online, 2007. URL:7/index.htm.

Introduction

Mise au jeu est une équipe de créateurs polyvalents utilisant le jeu et l’expression théâtrale comme moyens de communication, de formation et d’échange depuis près de quinze ans au Québec et à l’occasion, à l’étranger.

C’est dans ce désir de favoriser la réflexion de manière conviviale, sensible et humoristique que Mise au jeu s’est joint au symposium, en proposant ses outils de théâtre interactif.

Dans un premier temps, une animation théâtrale de quelques minutes a lancé la journée en illustrant des éléments de la charte d’Ottawa, à travers une consultation médicale particulière. Au cours de la journée, les deux acteurs ont tendu l’oreille pour recueillir les opinions et les questionnements des participants et participantes, en se promenant d’un atelier à l’autre, au hasard des couloirs et des lieux de rassemblements. Nourri aussi par les constats rapportés par les organisateurs et les bénévoles, le duo de Mise au jeu a ensuite concocté sur place quatre capsules théâtrales, relatant le climat et les fruits des échanges durant l’événement. Ces sketchs, présentés en plénière de clôture, ont ponctué les différentes interventions des invités et ont permis aux participants de se reconnaître dans les préoccupations évoquées. Ces interventions théâtrales ont surtout confirmé aux participants qu’ils avaient été écoutés et entendus.

Mise au jeu pratique régulièrement ce genre de formule lors de journées de rencontre qui nécessite une grande complicité avec les organisateurs, comme ce fut le cas pour ce symposium. Le comité scientifique, les concepteurs de l’événement autant que les bénévoles ont su nous communiquer des objectifs clairs et des contenus nourrissants pour guider les participants dans cette réflexion sur l’utilité de la charte d’Ottawa et son avenir.

On retrouvera ci-dessous le texte des interventions du matin et de l’après-midi, histoire de rappeler aux personnes présentes quelques souvenirs et de fournir à celles qui n’y étaient pas, dans un genre littéraire différent de celui des autres textes de la sous-série, une idée de ce qui s’est déroulé lors du symposium.

Intervention du matin
Personnages du matin : Pascal, un gestionnaire pressé (G); Nancy, une docteure (Doc).


Dans la foule dans le hall d’entrée
Un patient (un gestionnaire de centre de santé) est en retard pour son rendez-vous, il cherche son docteur…un bon docteur, un bon intervenant santé qui va vraiment s’occuper de lui, …un bon bilan de santé, pas par un charlatan….

La jeune doc elle recrute des patients en bonne santé elle n’en veut pas de malades…
Pour les faire rentrer, c’est l’heure du rendez-vous, « entrez vite parce que sinon ça décale toute ma journée…. »

Saynète d’introduction de la plénière d’ouverture dans la salle

Pendant que les gens finissent de s’asseoir, la saynète commence. Le patient et la doc vont sur scène. Elle commence à l’ausculter en vérifiant son identité et autres questions.

Doc : Alors vous êtes monsieur …
G : Lemonde
Doc : Âge?
G : 45 ans
Doc : Qu’est-ce que vous faites dans la vie…
G : Gestionnaire d’un établissement de santé.
Doc; Dites 33 333…
G : 33 333… On disait pas juste 33 avant…
Doc; Mais oui mais vous savez tout augmente. Maintenant, prenez une bonne subvention d’air….et dépensez… Gestionnaire s’exécute.
Doc : Vous semblez en bonne santé.
G : Bon merci, je suis content, je peux y aller?
Doc : J’ai quelques petites questions à vous poser d’abord: on va faire cela assez promptement parce que j’ai tous ces patients-là à écouter aujourd’hui…(elle vise la foule)(elle prend un formulaire) Alors….Votre alimentation?
G : J’essaie de manger varié, coloré, avec les différents groupes alimentaires…
Doc : Alcool , fritures…
G : C’est sûr que des fois, je fais des petits extras, mais je fais attention…. On nous rabâche tellement les oreilles dans les reportages à la télé!
Doc : Bien, bien. Et votre santé sexuelle….
G : Ben …euh…Appelez ma conjointe….(il se trouve drôle , mais la doc reste concentrée). C’est pas pour me vanter, mais ça va très bien….
Doc : Vous avez quoi comme revenu, monsieur?
G : Je suis obligé de vous dire un chiffre là?
Doc : Je veux seulement savoir si vos revenus couvrent vos besoins de base…
G : Disons que j’ai un niveau de vie confortable …
Doc : Vous êtes gestionnaire d’un établissement de santé; vous travaillez combien d’heures semaine?
G : Est-ce qui faut que je vous dise un chiffre là …? C’est parce que… passé 45 heures, je les compte pus!

Doc : Et dire qu’il s’en trouve pour prétendre que les québécois travaillent pas assez…. Votre charge de travail, a-t-elle une incidence néfaste sur votre moral?
G : Je suis fatigué des fois c’est sûr…mais, j’essaie de transformer mon stress en motivation…Est-ce que je peux y aller maintenant?…Je dois me rendre à un atelier sur les processus d’évaluation en san…
Doc : Encore quelques questions : vous habitez un logement convenable?
G : J’ai une maison en banlieue.
Doc : Un terrain ?
G : Oui, j’ai même assez grand pour me faire un petit jardin.
Doc : Pesticides?
G : On n’a pas le droit dans ma municipalité.
Doc : Est-ce que votre ville a un plan pour l’amélioration de la qualité de l’air , et la réduction des gaz à effets de serre…?
G : Je m’excuse mais euh…il me semble qu’on s’éloigne de mon cas … On dirait que vous travaillez pour la police…!
Doc; Comprenez moi monsieur, si vous devenez un de mes patients y va falloir vous y faire…j’ai pas envie d’avoir des patients malades, moi!
G : Ouin, mais si je tombe malade, vous êtes là pour nous soigner, non?
Doc : Je pense qu’on se comprend pas là : il n’est pas question que vous tombiez malade, monsieur. L’empereur Huang Ti, 2600 ans av JC, le disait lui-même: «Soigner une personne qui est déjà malade [...] c'est comme attendre d'avoir soif pour creuser un puits ou attendre d'être en guerre pour fabriquer des armes. »
G : Ah bon… mais là est-ce que c’est terminé vos questions…?
Doc; Selon mon protocole, j’en ai encore quelques unes…
G : Protocole…. De quel protocole vous parlez?
Doc : Un protocole créé à partir de la charte d’Ottawa.
G : Je connais pas celui-là.
Doc : Pas étonnant, c’est un protocole personnel. Une entente que j’ai créée entre ma conscience professionnelle, mon subconscient, mon ego et moi-même. On a tous signé.
G : OK…C’est pas que je vous aime pas, vous tous, mais là faudrait vraiment que j’y aille…
Doc : Bon, je vous raccompagne…. Vous allez pas partir sans quelques outils de prévention : je vous offre des condoms, seringues, dépliants, purex, eau distillée, un livre de recette santé, etc….??

Ils quittent la scène….

Interventions en plénière de clôture

Segment 1 : Les points chauds de la journée
Un docteur (Doc) dans son cabinet attend une dernière patiente (Pat).

Doc : (il envoie un courriel de son appareil téléphonique) Déjà 16h05; ‘’serai en retard
pour souper’’ Bon, je vais recevoir ma dernière impatiente…. (il parle à son secrétaire)
Robert, vous pouvez me l’envoyer! La patiente entre :
Pat : Bonjour Docteur! J’ai dû faire de l’apnée pour entrer dans votre clinique! Y’avait au moins 20 fumeurs dans l’entrée.
Doc; Qu’est-ce que vous voulez, c’est difficile de changer les vieilles habitudes…
Pat : Bon, j’ai plusieurs petits problèmes, mieux vaut prévenir… Je ressens comme une tension entre ici et là, entre mon cœur et ma tête, entre ce que je veux et ce que je peux.
Doc; Je peux vous prescrire de la lecture idéologique.
Pat : La dernière fois que vous m’avez prescrit ça, j’ai eu des étourdissements et des nausées, je pense que ça ne ma va plus.
Doc : Je propose alors des comprimés d’action pratiques.
Pat : Oui J’aimerais mieux.
Doc : Du Glocal ou du Lobal?
Pat : C’est la même chose non?
Doc : Oui, c’est le même résultat mais ça travaille pas pareil.
Pat; Je sens aussi que mes os ne se joignent pas. J’ai comme une luxation entre la jambe et la hanche. J’ai consulté un spécialiste de la hanche, j’ai consulté un spécialiste de la jambe. Mais ça ne s’est pas arrangé. Je boîte. Comme si je ne pouvais marcher dans la direction où je veux aller.
Doc : Vous souffrez sans doute d’irresponsabilité concertée.
Pat; Ah oui?
Doc : Avez-vous changé de charte récemment?
Pat : Pourquoi?
Doc : C’est un cas classique! Selon les statistiques, 1 patient sur 800, présente ces symptômes à force de se demander comment appliquer sa charte. Je vois que vous avez pris du poids.
Pat : Oui, je suis assez contente, enfin mes paroles pèsent dans la balance. Avec mes années d’expériences, mon implication dans le milieu, enfin, quand je parle j’ai du poids. Par contre on dirait que je suis insatiable!
Doc; Vous souffrez sans doute d’une insuffisance politique.
Pat : Qu’est-ce que je peux faire pour prévenir ça?
Doc : On va voir ça à la prochaine rencontre, vous avez dépassé les 18 minutes prévues. Prenez rendez-vous avec Robert, mon secrétaire, dans mon agenda politique.


Segment 2 : L’utilité de la charte d’Ottawa
Scène en parallèle;
-d’un côté un gestionnaire de services de santé (G) qui vante les mérites de la charte;
-de l’autre une mère (M) de famille qui a trouvé dans la rue une pile de charte d’Ottawa,
encore toute emballée, sans doute oubliée, qui lui a été bien utile, d’une autre manière.
Ils ont tous les deux les documents dans les mains.

G : Ah! La charte d’Ottawa… je me rappelle quand ça été créé, en 1986. À l’époque on espérait qu’avec ces bases, tout le monde serait en santé en l’an 2000.
M : Moi c’est en l’an 2000 que j’ai trouvé ça dans la rue. Un paquet de chartes d’Ottawa, qui avaient jamais été déballé de toutes évidences. Je l’avais ramassé; je m’étais dit que ça me ferait peut-être une lecture intéressante…

G : C’est sûr que la charte d’Ottawa a été utile. Elle a inspiré notre actuelle loi sur la santé publique! Elle a servi de cadre de référence dans plusieurs pays… Moi personnellement, je l’ai lu et relue maintes fois…
M : Finalement j’ai jamais eu le temps de la lire. Ni même de la déballer. Le soir même, la chaise haute du petit s’est cassée, ça fait que j’ai mis ce bloc là, sur une chaise, pis j’ai assis mon petit dessus. J’ai gardé ce système là pendant quelques semaines, parce que j’avais pas ben ben d’argent pour m’acheter une autre chaise haute.
G : Ça changé non seulement notre approche de la santé en générale, mais également nos mentalités; au delà de soigner les individus, il fallait soigner leur conditions, leur environnement.
M : Il faisait froid cet hiver là, pis mes fenêtres été mal isolées. Mon propriétaire remettait toujours les réparations à plus tard, il s’en foutait pas mal. Cette brique là s’insérait très bien dans la fenêtre des enfants. Ça coupait au moins le courant d’air qui passait. Ben utile…
G : Grâce à la charte, on a développé des réflexes de prévention. Tout le monde fait de l’exercice.
M : Au printemps, j’ai repris la brique pour faire de l’exercice. Monte-descend, monte-descend…. Ça me rappelle que dans la vie, j’ai l’impression de monter un escalier roulant qui descend.
G : La charte a permis le renforcement de l’action communautaire….
M : J’ai connu un groupe communautaire qui pouvait m’aider, j’étais ben encouragée déjà en parlant à l’intervenante au téléphone…mais quand je suis arrivée dans leur locaux, je me suis rendue compte qu’ils étaient aussi pauvres que moi…
G : Les gens prennent davantage soin de leur santé, moi-même j’adore marcher….pis danser….
M : J’en ai fait moi des marches, pis des manifestations, mais mes conditions de vie s’améliorent pas vite, je trouve… des fois ça régresse…. Il me reste la danse

Les deux dansent chacun de leur côté, puis se rencontrent, gênés.

Segment 3 : L’utilité de la charte de Bangkok
Deux personnages (O) et (B) qui s’entraînent

O : T’as l’air essoufflé….
B : C’est que j’ai pu l’habitude de m’entraîner comme toi….
O : Ah non…. ? T’as lâché l’entraînement?
B : Non, c’est que je fais un nouveau programme, depuis l’année passée.

O : Ah! Moi ça fait 20 ans que je fais le même. Le programme d’entraînement d’Ottawa. Toi, c’est quoi?
B : Programme d’entraînement de Bangkok! Ottawa c’est passé date!
O : Il me semble que le programme de Bangkok c’est la continuité de celui d’Ottawa.
B : Ah oui? Moi je pensais que ça le remplaçait, en tous cas. Dans mon programme, on privilégie la prise d’une vitamine spéciale.
O : Ah…c’est bon ça?
B : Certain. C’est produit par l’entreprise privée. C’est très efficace. Pis plus t’en prends, plus le privé investit dans le système de santé. Ça donne des bons emplois, bien rémunérés, ils investissent aussi dans la qualité de vie au niveau local, l’environnement, c’est pleins d’avantages. Je laisse beaucoup de place aux vitamines privées dans ma vie maintenant.
O : Ouin mais ….le jour où ils feront pus d’argent avec toi, ils en investiront plus d’argent non plus…. ǒa ses fragilités ton programme.
B; Tu y crois pas?
O : J’y crois mais il faut pas que ça prenne toute le place, faudrait pas que ça t’empêche d’être vigilent dans ton exercice. Il faut pas oublier ton objectif de bien-être.
B : C’est sûr. Par contre, c’est un programme qui privilégie les nouvelles technologies. Regarde ( il lui montre un petit objet électronique)
O : C’est un podomètre ?
B : Un cardio-vasculo-podo-émotionnel régulateur électronique.
O : Ah ouin…. spécial!
B : Je t’en commanderai un par internet si tu veux…
O : Merci. On continue notre entraînement, dehors?
B : Ok. Dis donc, t’as raison, faut faire des liens entre nos deux programmes…. Bangkok et Ottawa… y’a Vancouver aussi qui s’en vient….faut être en forme si on veut gagner des médailles.
O : Je trouve pas ça facile moi de maintenir mon entraînement. Faudrait que tout le monde si mette pour que ce soit plus encourageant. Si au moins c’était mieux reconnu par les organisations mondiales, on serait sûrement plus en santé, localement …pis individuellement…..

Segment 4 : Les défis futurs
Le pharmacien (Ph) et une cliente (C) qui arrive avec sa liste… Le pharmacien en prenant la liste et en la lisant :

Ph : Alors, qu’est-ce que le médecin vous a prescrit?
C : Un paquet de produits!
Ph : Pommade multidisciplinaire….
C : Mes pratiques sont pas assez ergonomiques. Il paraît que je fais toujours les mêmes mouvements. Quand je suis découragée, je lève les bras au ciel, quand on gagne une bataille, je lève les bras au ciel, pis quand j’ai une question à poser au gouvernement, je lève les deux bras pour être sûre qu’on m’entende.
Ph : (lisant la liste) des ressources.... Ouf! Ruptures de stock pour les ressources financières. Je vais vous donner un générique, composé de personnel qualifié, avec des connaissances et des personnes ressources!
C : Merci. Ça va même être mieux. (elle regarde son corps) Comme ça je vais rejoindre tous les membres de ma collectivité.
Ph : (lisant la liste) Une forte dose d’arguments politiques.
C : C’est pour augmenter mon taux de pouvoir législatif.
Ph : Vous avez besoin aussi d’une thérapie de groupe.
C : Oui, pis là je me paie une thérapie de gros groupe; genre 1000 personnes au palais des congrès. Je sais pas ce que ça va donner.
Ph : C’est une bonne thérapie, ça fait dix ans que ça roule
C : Merci à une prochaine!


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