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Réflexions sur la Charte de Bangkok1Bernard Goudet, membre du conseil scientifique du CRAES, France
Goudet, Bernard, Réflexions sur la Charte de Bangkok, Reviews of Health Promotion and Education Online, 2007. URL:9/index.htm. La Charte de Bangkok se donne comme un effort dactualisation et de complément de la Charte dOttawa - dont elle dit reprendre les valeurs, principes et stratégies daction et des recommandations des conférences ultérieures sur la promotion de la santé. Mais en fait, il semble quelle reprenne surtout les préoccupations des conférences de Djakarta et de Porto Rico, soucieuses de moyens dactions sur les « déterminants » politiques et économiques de la santé. Ceci vise évidemment à permettre à la philosophie générale de la promotion de la santé de passer dans les actes dans la conjoncture de mondialisation ultra libérale actuelle. Les mesures ainsi préconisées concernent essentiellement les gouvernants, les accords intergouvernementaux (engagement 1), les administrations et collectivités publiques (engagement 2), dune part, le secteur des entreprises (engagement 4) de lautre ; ce qui correspond aux axes 1 et 2 de la Charte dOttawa. Le troisième engagement concerne laction communautaire et la société civile ; ce qui prolonge laxe 3 de la Charte dOttawa. Rien ne prolonge les deux derniers axes de la charte dOttawa : axe 4 (développement des aptitudes personnelles à exercer un plus grand contrôle sur sa santé), axe 5 (remaniement du fonctionnement du système de santé dans une logique de promotion de la santé). Ces insistances et ces oublis entraînent un déséquilibre dans larchitecture générale du texte et lempêchent, à mon sens, doffrir une reformulation actualisée, complétée et rendue plus pragmatique de la Charte dOttawa.
Par ailleurs, il est dommage que léducation pour/à la santé soit passée sous silence, car elle devrait être un facteur central de laction communautaire des initiatives de la société civile dans le domaine de la promotion de la santé. Toutes les perspectives ouvertes par le développement de « lempowerment » communautaire, des « compétences psychosociales » ou de la structuration de lautonomie du sujet devraient être ici reprises, ou tout au moins évoquées et encouragées. Face à des systèmes de santé publique dont le fonctionnement reste trop souvent guidé par une logique de lutte contre la maladie et non de promotion de la santé, il est dommage quaucun jalon spécifique dans ce domaine ne soit posé. Note:1 Ce texte est diffusé dans le cadre dun projet conjoint RÉFIPS-UIPES (voir 6/index.htm). Il a été originellement publié par le RÉFIPS au http://refips.org/files/ameriques/Lettre_en_ligne_janvier2007.pdf.
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